Le commandement rwandais du #M23 : les dessous d’une agression d’État déguisée contre la RDC.
Le dernier rapport explosif du Groupe d’experts de l’ONU confirme ce que Kinshasa dénonce depuis des mois : le Rwanda mène une guerre secrète en RDC. Sous couvert de soutien aux rebelles du M23, Kigali aurait déployé des milliers de soldats, violant les frontières congolaises et les embargos internationaux. Preuves matérielles à l’appui, cette enquête plonge dans les rouages d’une ingérence militaire qui redessine les équilibres régionaux.
Un rapport confidentiel des Nations unies jette une lumière crue sur l’implication directe – mais officiellement niée – du Rwanda dans la guerre qui ravage l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis plus d’un an, les autorités congolaises accusent Kigali de soutenir la rébellion du M23 dans le Kivu. Désormais, des preuves matérielles – photos, vidéos, images de drones et témoignages – rassemblées par un groupe d’experts de l’ONU confirment la présence active de militaires rwandais sur le sol congolais, menant une véritable guerre clandestine au Kivu. Ces révélations accablantes détaillent comment l’armée rwandaise (Rwanda Defence Force, RDF) a opéré sous couverture pour appuyer la rébellion, en violation flagrante d’embargos internationaux et au mépris de la souveraineté de la RDC.
Des preuves accablantes d’une intervention rwandaise secrète.
Le rapport onusien – obtenu par l’AFP et Reuters avant sa publication – dresse un constat sans appel : le Rwanda a exercé un commandement effectif sur la rébellion du M23 durant son offensive, et a multiplié les incursions armées de grande ampleur en territoire congolais. Les experts de l’ONU affirment avoir réuni des preuves irréfutables de cette ingérence militaire : des clichés photographiques, des vidéos et des enregistrements de drones, corroborés par des renseignements et des témoignages locaux, démontrent la présence renforcée de soldats rwandais en RDC.
Ces éléments montrent des troupes RDF positionnées sur la ligne de front, engageant le combat aux côtés des rebelles, et manipulant des armes sophistiquées sur le théâtre congolais. Fait encore plus troublant, Kigali aurait planifié à l’avance les victoires du M23 : une semaine avant l’attaque contre Goma, des officiels rwandais informaient confidentiellement les experts onusiens que le président Paul Kagame avait décidé d’ordonner la prise imminente des villes stratégiques de Goma et Bukavu. Ces deux capitales provinciales du Kivu ont effectivement été conquises en janvier et février 2025 lors d’une offensive-éclair du M23, confirmant a posteriori la mainmise du Rwanda sur les opérations rebelles.
Le régime de Kigali continue de démentir farouchement toute intervention directe. Officiellement, le Rwanda nie fournir la moindre assistance militaire au M23 et justifie ses déploiements frontaliers par la menace des FDLR – une milice hutue basée dans l’est congolais et issue des auteurs du génocide de 1994. « Les allégations des experts déforment délibérément les préoccupations sécuritaires légitimes du Rwanda face aux rebelles du FDLR », a réagi la porte-parole du gouvernement rwandais Yolande Makolo, qualifiant la posture militaire de Kigali de défensive. Néanmoins, les conclusions de l’ONU estiment au contraire que l’objectif principal de Kigali n’était pas la neutralisation des FDLR, mais la conquête de nouveaux territoires en RDC. En RDC, ces révélations n’ont fait que confirmer les accusations portées de longue date par Kinshasa, qui voit l’agression rwandaise comme une cause majeure de l’embrasement du Kivu.
L’engagement clandestin de milliers de soldats rwandais aux côtés du M23.
D’après le rapport onusien, l’armée rwandaise a secrètement engagé des troupes régulières en grand nombre pour soutenir l’offensive rebelle. Dès 2024, les observateurs estimaient qu’au moins 3 000 à 4 000 soldats rwandais opéraient sur le sol congolais aux côtés du M23. Ce chiffre a encore grimpé avec l’intensification du conflit : Kigali aurait déployé jusqu’à 6 000 militaires en RDC au début de 2025, selon une estimation prudente des experts. Ces unités, comprenant de nombreux éléments des forces spéciales, ont discrètement franchi la frontière et participé directement aux combats les plus décisifs. « Les opérations du RDF ont été critiques dans la conquête et l’occupation de nouveaux territoires et centres urbains », souligne le rapport. En effet, les victoires-éclair du M23 – notamment la chute de Goma (Nord-Kivu) puis de Bukavu (Sud-Kivu) – n’ont pu être accomplies qu’avec ce renfort massif de troupes rwandaises, qui a pris de court l’armée congolaise et les casques bleus de la MONUSCO.
Sur le terrain, la fusion entre les rebelles et l’armée rwandaise est telle que Kigali dicte en sous-main la stratégie de la rébellion. Les experts décrivent une chaîne de commandement intégrée : ce serait le haut commandement rwandais qui prend les décisions stratégiques, indiquant au M23 quand lancer ou au contraire interrompre une offensive. Par exemple, lorsque les insurgés du M23 se sont aventurés en mars jusqu’à Walikale – zone minière clé à plus de 400 km à l’ouest de Goma – ils se sont soudainement retirés sur ordre direct de Kigali, démontrant la subordination hiérarchique des chefs rebelles à l’égard du Rwanda.
De même, le rapport révèle que des camps d’entraînement secrets ont été mis à disposition du M23 sur le sol rwandais : des centres militaires à Gabiro, Nasho et Gako au Rwanda auraient servi à former de nouvelles recrues du mouvement, et Kigali a accueilli sur son territoire des cadres d’une coalition rebelle élargie incluant le M23 (surnommée « AFC/M23 »). Autant d’éléments qui illustrent l’ampleur de la guerre de l’ombre menée par le Rwanda en RDC, sous couvert de démentis officiels.
Drones armés, brouilleurs et armement de pointe fournis par Kigali.
L’intervention clandestine rwandaise ne se limite pas aux hommes : elle s’est également traduite par la fourniture au M23 d’un arsenal militaire sophistiqué, qui a fait basculer l’équilibre des forces sur le terrain. Le rapport de l’ONU détaille en effet la présence de systèmes de guerre technologiques avancés opérés par des unités rwandaises, conférant aux rebelles un avantage tactique décisif. Parmi le matériel déployé en secret par le RDF figurent notamment :
des systèmes d’artillerie antiaérienne de courte portée,
des drones d’attaque armés de charges explosives,
des bombes de mortier guidées de gros calibre (une première dans ce conflit),
des lance-roquettes, mono-tubes et multi-tubes, pour l’appui-feu,
des équipements de vision nocturne pour unités snipers, ainsi que des missiles antichars.
Cette panoplie moderne a permis de surclasser l’armée congolaise, mal équipée, et même de neutraliser les moyens aériens de la MONUSCO. Kigali aurait notamment déployé des brouilleurs électroniques et des missiles sol-air capables de rendre inopérants les drones de surveillance de l’ONU et les avions congolais. Ce soutien militaire clandestin viole l’embargo sur les armes imposé aux groupes armés en RDC : les experts de l’ONU accusent le Rwanda de violations flagrantes et systématiques de ces sanctions internationales. Selon le rapport, un incident grave illustre cette escalade technologique : en janvier, un transport blindé de la paix de l’ONU a été frappé par un missile sophistiqué – vraisemblablement tiré depuis une position rwandaise – tuant un casque bleu et en blessant plusieurs autres. En dotant secrètement le M23 de moyens de guerre de haute technologie, le Rwanda a contourné toutes les interdictions et aggravé la dangerosité du conflit sur le sol congolais.
Conquête de territoires stratégiques et pillage des richesses minières.
L’engagement militaire clandestin du Rwanda a eu pour résultat de faire basculer de vastes territoires de l’est congolais sous contrôle rebelle, avec des implications économiques majeures. Grâce à l’appui de Kigali, le M23 s’est emparé début 2025 de plusieurs zones stratégiques du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dont les carrefours frontaliers de Goma et Bukavu. Cette avancée a non seulement infligé un revers cuisant à Kinshasa, mais elle a surtout placé de précieux gisements miniers à portée de Kigali.
Désormais, d’immenses gisements de coltan, d’or et d’autres ressources se trouvent dans les zones occupées par le M23, par exemple à Rubaya (Masisi) qui recèle l’une des plus grandes réserves mondiales de coltan. Le rapport onusien souligne que Kigali tire profit de ces conquêtes : en exerçant son influence sur le M23, le Rwanda accède à des régions riches et fertiles du Congo, consolidant son poids politique et économique dans la région. Des convois illégaux transportent la nuit les cargaisons minières à travers la frontière pour alimenter les comptoirs rwandais, échappant aux douanes congolaises. Une société rwandaise est même mise en cause dans le rapport pour avoir acheté du coltan de contrebande provenant des zones tenues par les rebelles. Kinshasa dénonce ouvertement ce pillage organisé de ses ressources : les autorités congolaises accusent le Rwanda d’entretenir la guerre du Kivu avant tout pour s’approprier les richesses minières du Congo voisin. En finançant le M23 et en récoltant les fruits du commerce de contrebande, Kigali bénéficierait d’un accès inédit aux minerais congolais tout en affaiblissant davantage son grand voisin.
Officiellement, le Rwanda continue de nier toute ingérence militaire en RDC au-delà des “mesures de défense” prétendument nécessaires contre les rebelles hutus du FDLR. Cependant, la masse de preuves réunies par l’ONU et la réalité des conquêtes du M23 rendent ces démentis peu crédibles aux yeux de nombreux observateurs. Le gouvernement congolais, soutenu par l’ONU, les États-Unis et plusieurs puissances occidentales, met fermement en cause Kigali pour son rôle dans la résurgence du conflit.
Cette situation explosive a déjà provoqué une crise diplomatique majeure dans la région des Grands Lacs. Les relations entre Kinshasa et Kigali sont au plus bas : le président congolais Félix Tshisekedi qualifie le M23 de simple « marionnette » du Rwanda, tandis que Paul Kagame rejette tout dialogue direct avec Kinshasa tant que ses préoccupations sécuritaires ne seront pas reconnues.
Un accord de paix a été signé à Washington entre la RDC et le Rwanda début juillet 2025, chaque partie s’engageant à retirer son soutien aux groupes armés. Kigali a promis de “neutraliser” les FDLR pour justifier un éventuel repli de ses troupes, tandis que Kinshasa a obtenu des garanties de sanctions en cas de manquement. Parallèlement, des partenaires comme la Belgique ont publiquement exhorté le Rwanda à retirer sans délai ses soldats du Congo suite aux révélations de l’ONU.
Malgré ces efforts diplomatiques, la confiance est rompue entre les deux pays, et la situation sur le terrain reste tendue. L’intervention clandestine du Rwanda au Kivu – toujours démentie mais désormais mise au jour – a non seulement aggravé la tragédie humanitaire (des milliers de civils tués et des centaines de milliers de déplacés), mais elle menace aussi de bouleverser durablement l’équilibre régional. Tant que Kigali poursuivra sous couvert sa guerre en territoire congolais, le risque d’un embrasement général restera élevé, faisant craindre que le Kivu ne devienne à nouveau l’épicentre d’un conflit régional aux conséquences incalculables.
Goma & Bukavu Carnage de M23 on Umojja.com