La République Démocratique du Congo a haussé le ton sur la scène internationale, pointant du doigt la persistance d’un discours manipulé autour des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Lors de la 9899ᵉ séance du Conseil de sécurité des Nations Unies, le mercredi 16 avril, la Ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a accusé Kigali d’exploiter la présence des FDLR sur le sol congolais comme prétexte à des interventions militaires jugées illégitimes.
«Les FDLR n’ont pas vocation à rester en République Démocratique du Congo. Ils doivent rentrer au Rwanda», a-t-elle affirmé, rappelant que ce groupe armé, souvent invoqué comme menace sécuritaire, sert aussi d’alibi géopolitique. Selon elle, des rapports du Groupe d’experts des Nations Unies confirment que cette menace est instrumentalisée à des fins stratégiques, détournant l’attention des véritables enjeux.
En insistant sur ce point, Mme Wagner a souhaité déconstruire une narration qui fait des FDLR un bouc émissaire perpétuel, alors même que de nombreux groupes armés déstabilisent la région et que l’exploitation illégale des ressources reste un moteur central des violences.
La diplomate congolaise a également rejeté toute tentative de polarisation ethnique du conflit. «En République Démocratique du Congo, aucune communauté n’est persécutée sur des bases ethniques. Les allégations de ciblage sont fausses», a-t-elle déclaré, mettant en garde contre l’instrumentalisation du discours communautaire à des fins d’ingérence.
Dans un geste fort, elle a élargi le débat mémoriel en évoquant le génocide des Hutus au Burundi en 1972, souvent occulté dans les discours officiels. «Perpétré dans le silence, il a coûté la vie à des dizaines de milliers de civils innocents», a-t-elle rappelé, soutenant la demande du Burundi pour sa reconnaissance officielle par l’ONU. «C’est un pas vers une mémoire juste et réconciliatrice».
Enfin, elle a appelé à faire du mois d’avril — trop souvent monopolisé par une mémoire hiérarchisée — un moment de recueillement commun pour toutes les victimes des Grands Lacs. «Regardons l’histoire dans toute sa complexité, sans manipuler les morts ni effacer certaines douleurs au profit d’autres».

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