#AffaireMutamba | 19 millions disparus, une entreprise introuvable, une prison invisible... et un ministre de la Justice au banc des accusés. Derrière le scandale, se cache un bras de fer implacable entre justice, politique et ambitions contrariées.

Entre détournement, quête de justice et règlement des comptes, les dessous de l’affaire Mutamba. A Kinshasa, l’Assemblée nationale de la RDC a autorisé des poursuites contre le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, sur la base d’un rapport accablant de sa commission spéciale. Le dossier porte sur un présumé détournement de 19 millions de dollars destinés à construire une nouvelle prison à Kisangani (province de la Tshopo). Selon le réquisitoire du Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, Constant Mutamba aurait ordonné un paiement de 19 millions USD à la société Zion Construction sans respecter les procédures légales, et sans vérifier ni l’existence de l’entreprise ni la réalisation effective des travaux.
Un dossier judiciaire accablant : détournement de 19 millions USD.

La commission parlementaire a relevé de graves irrégularités dans ce projet. Tout d’abord, Mutamba aurait engagé le projet sans autorisation formelle du gouvernement, contrevenant aux règles de collégialité gouvernementale. Ensuite, l’entreprise bénéficiaire s’est révélée introuvable : aucun bureau à l’adresse indiquée, pas de site identifié à Kisangani pour la prison, et aucune trace de personnel ou de travaux sur le terrain malgré le décaissement des fonds. De surcroît, le ministre n’a pas respecté la législation des marchés publics : il n’a pas sollicité l’avis de non-objection de la Direction générale du contrôle des marchés publics (DGCMP), et il a payé 19 millions USD le 16 avril 2025 sur un compte privé (non un compte séquestre), soit bien au-delà de l’avance maximale de 30 % autorisée sans garanties.

Enfin, Mutamba est accusé d’avoir agi sans autorisation préalable du Trésor pour utiliser ces fonds : l’argent provenait en réalité du Fonds de réparation des victimes des crimes de l’Ouganda (FRIVAO), alimenté par les indemnités versées par l’Ouganda à la RDC, et censé dédommager des victimes de guerre. Le rapport parlementaire souligne que ces sommes, initialement destinées aux victimes, ont été redirigées de manière opaque vers un marché public douteux, ce qui constitue le cœur du soupçon de détournement.

Face à ces constatations, la commission spéciale a conclu que tous les éléments constitutifs du détournement de deniers publics étaient réunis. Elle a estimé que le détournement avait techniquement lieu dès l’instant où les fonds ont quitté le compte du gouvernement pour un compte privé non autorisé. De sérieux indices de culpabilité pèsent donc sur le ministre, justifiant qu’il soit inculpé pour détournement. Suivant ces recommandations, l’Assemblée nationale a massivement voté en faveur des poursuites (322 voix pour, 29 contre, 12 abstentions) lors de la plénière du 15 juin 2025.
Motamba, une étoile filante au sommet de l’État.

Âgé de 37 ans (né en avril 1988), Constant Mutamba Tungunga est un avocat de formation devenu l’une des figures de la nouvelle génération politique congolaise. Président du regroupement politique Dynamique Progressiste Révolutionnaire (DYPRO), il fut en décembre 2023 le plus jeune candidat à l’élection présidentielle, recueillant 0,2 % des suffrages. Par le passé, Mutamba a évolué dans la sphère de l’ancien président Joseph Kabila : il a fondé en 2014 le mouvement de jeunesse NOGEC (Nouvelle Génération pour l’émergence du Congo) et a intégré en 2018 la plate-forme Front Commun pour le Congo (FCC) de Kabila, où il siégea au bureau politique. Toutefois, en novembre 2021, il a rompu avec la famille kabiliste pour créer le DYPRO, se positionnant alors dans l’opposition politique. Ce virage lui a permis de se présenter en outsider à la présidentielle de 2023, se posant en « candidat de la rupture ».

Après la réélection de Félix Tshisekedi fin 2023, Constant Mutamba a rejoint le camp du pouvoir dans le cadre de l’union sacrée. Il a été nommé Ministre d’État, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux le 29 mai 2024 au sein du gouvernement de la Première ministre Judith Suminwa. Sa nomination – succédant à Rose Mutombo – a été saluée par certains comme un signal fort en faveur de la jeunesse, Mutamba n’ayant que 36 ans au moment de sa prise de fonctions. Considéré comme un « brillant jeune leader » au parcours courageux, il incarnait le renouveau et la volonté de réforme de la justice congolaise selon ses soutiens.

Au gouvernement, Constant Mutamba s’est rapidement fait remarquer par son activisme et ses prises de position tranchées. Il a déclaré la guerre aux « réseaux mafieux » dans l’appareil judiciaire et prôné une lutte inflexible contre la corruption. Paradoxalement, c’est en tant que Ministre de la Justice – donc garant de la loi – qu’il se retrouve aujourd’hui accusé de malversations financières. Mutamba occupe une position délicate au sein du régime : membre de l’alliance au pouvoir mais issu d’un parti allié et non du noyau dur présidentiel, il semble avoir entretenu des rapports tendus avec certains piliers de l’exécutif, notamment la cheffe du gouvernement Judith Suminwa. Lors de son audition parlementaire, Mutamba a d’ailleurs évoqué ses relations difficiles avec la Première ministre, laissant entendre que son sort judiciaire pourrait relever de règlements de comptes internes. Ce contexte politique particulier éclaire la suite des événements.
Des poursuites sur fonds de guerre politico-judiciaire L’affaire Mutamba s’inscrit sur fond de relations exécrables entre le ministre de la Justice et le corps judiciaire congolais ces derniers mois. Deux épisodes notables illustrent ce conflit ouvert : la polémique des États généraux de la Justice fin 2024, et le bras de fer personnel entre Mutamba et le Procureur général Firmin Mvonde au sujet d’un bien immobilier en Belgique.

Tout remonte en novembre 2024. Présentés comme un grand forum de réforme du système judiciaire, les États généraux organisés du 6 au 16 novembre 2024 ont tourné à la confrontation entre Mutamba et les magistrats. Lors de la clôture, le ministre de la Justice a lu un rapport final qui, selon les syndicats de magistrats, ne correspondait pas du tout aux conclusions adoptées par les participants. Mutamba est accusé d’avoir présenté un « faux rapport », modifiant ou ajoutant des recommandations sans l’aval des assemblées plénières. En particulier, il aurait suggéré des changements controversés concernant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et le statut des magistrats, que les participants n’avaient pas validés. Outrés, les principaux syndicats de juges ont dénoncé un acte frauduleux du ministre et envisagé des représailles. Le 19 novembre 2024, lors d’une assemblée extraordinaire, ils ont annoncé deux mesures : d’une part, le dépôt imminent d’une plainte pour faux en écriture et usage de faux contre les auteurs du rapport altéré ; d’autre part, des démarches auprès des plus hautes autorités (Président de la République, Premier ministre, CSM) pour protester contre cette manipulation. Ce grave incident a marqué un point de non-retour entre Mutamba et la magistrature, ces derniers l’accusant publiquement d’avoir trahi la confiance en faussant les conclusions d’un forum censé améliorer la justice.

Quelques jours après, un autre front s’est ouvert directement entre Mutamba et le Procureur général Mvonde. En novembre 2024, la presse révèle que Firmin Mvonde a acquis discrètement un immeuble de rapport à Bruxelles pour environ 900 000 €, soulevant des suspicions sur l’origine des fonds. Le ministre Mutamba a saisi l’occasion pour passer à l’offensive : le 22 novembre 2024, il a publiquement annoncé l’ouverture d’enquêtes par l’Inspection générale des finances (IGF), la cellule antiblanchiment (CENAREF) et les renseignements (ANR) sur l’acquisition de cet immeuble par le Procureur général. Mutamba a affirmé avoir découvert l’information dans les médias et a sollicité ces investigations afin de « faire la lumière » sur ce qui pourrait s’apparenter, selon lui, à un enrichissement illicite du chef du Parquet.
Mutamba et Mvonde à couteaux tirés

Cette initiative sans précédent – un ministre de la Justice faisant enquête sur le plus haut magistrat du pays – a été très mal reçue dans les milieux judiciaires. Des sources au Parquet général ont aussitôt contesté la compétence du ministre pour diligenter une telle enquête contre un magistrat hors hiérarchie, rappelant que seul le Chef de l’État, en sa qualité de garant du pouvoir judiciaire, pouvait théoriquement sanctionner un Procureur général. Le cabinet de Firmin Mvonde a confirmé l’achat de l’immeuble, mais a produit des justifications : l’opération aurait été financée par un prêt bancaire de 750 000 € contracté auprès d’une banque congolaise (Equity BCDC) à des conditions de marché, et le remboursement serait en cours. Il n’y aurait donc pas eu de dépense disproportionnée par rapport aux revenus du magistrat, selon cette version. Le camp Mvonde a dénoncé un « chantage » orchestré par des détracteurs, minimisant la polémique comme l’œuvre d’un journaliste mal intentionné qui aurait menacé de révéler le prêt. Cette guérilla médiatico-judiciaire a exacerbé l’inimitié entre Mutamba et Mvonde.

Au fil de ces épisodes, le fossé s’est creusé entre le ministre et le Parquet. Firmin Mvonde a publiquement remis en cause la légitimité de Mutamba au sein des instances de la magistrature – lors des États généraux, il a déclaré qu’il ne voyait pas la place du ministre de la Justice au Conseil supérieur de la magistrature, insinuant que seule l’autorité du Chef de l’État y était reconnue. De son côté, Constant Mutamba n’a cessé de clamer que le Procureur général lui vouait une hostilité personnelle. Le 10 juin 2025, à la veille du vote de l’Assemblée, Mutamba a adressé une lettre officielle pour récuser Firmin Mvonde et l’ensemble des magistrats de la Cour de cassation dans cette affaire. S’appuyant sur l’article 59 de la loi du 11 avril 2013 (relative à l’organisation judiciaire), il invoque la « manifeste inimitié » du Procureur à son égard pour exiger qu’il se dessaisisse du dossier. Cette tentative de Mutamba pour écarter son accusateur direct n’a pas abouti : l’Assemblée nationale n’en a pas tenu compte et a autorisé les poursuites malgré tout. Elle illustre néanmoins combien le passif entre le ministre et le chef du Parquet a pu peser dans la genèse de cette affaire – d’aucuns y voient la source d’un acharnement réciproque plutôt qu’une coïncidence. Mutamba lui-même dénonce un “complot politique” et un règlement de comptes orchestré par le Procureur général, qu’il accuse de profiter de son dossier pour se venger de l’affaire de l’immeuble et des humiliations subies fin 2024.


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Nord-Kivu : plusieurs villages tombent aux mains des rebelles du M23 après de violents affrontements avec les Wazalendo.

De violents combats ont opposé, depuis la journée du lundi 26 mai 2025, les rebelles du M23 aux miliciens Wazalendo dans le territoire de Walikale, situé dans la province du Nord-Kivu. À l’issue de ces affrontements, plusieurs villages sont passés sous contrôle du M23 ce mardi 27 mai.

Selon des sources locales, les localités de Bukumbirwa, Rusamambu, Kilambo et Ngengere, toutes situées dans le groupement Ikobo, sont désormais entre les mains des rebelles. Ces derniers auraient lancé des offensives ciblées contre les positions tenues par les Wazalendo, provoquant un repli de ces miliciens vers la localité de Misinga.

Ces combats ont également entraîné un déplacement massif des populations civiles, qui ont fui en direction des zones forestières pour échapper aux violences.

Cette nouvelle avancée du M23 constitue une violation manifeste du cessez-le-feu en vigueur et alimente une nouvelle escalade des tensions dans cette zone déjà instable. Depuis le renforcement de la présence des éléments du M23 dans cette partie du Nord-Kivu, les affrontements armés se multiplient, aggravant davantage la situation sécuritaire et humanitaire.


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La sénatrice Carole Agito a, lors de la lecture du rapport de la commission spéciale présenté ce jeudi 22 mai 2025, à la plénière, fait savoir que tous les sénateurs membres de ladite commission ont voté pour l’autorisation des poursuites et la levée des immunités de l'ancien chef de l'État, Joseph Kabila.

À l'en croire, aucun sénateur ne s’est opposé, aucune abstention, car, d'après le rapport, la décision des membres de la commission spéciale est motivée par les preuves présentées par l'auditorat militaire.

Ce rapport précise également que Joseph Kabila a eu à plusieurs reprises des échanges téléphoniques avec Corneille Nangaa, coordonnateur de la rébellion de l'Alliance pour le fleuve Congo (AFC/M23).

Il indique également que Joseph Kabila était bel et bien à Goma, car sa présence a été confirmée par l'un de ses collaborateurs dans un média français.


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Trois soldats de la Police militaire (PM) ont été tués par balle au camp Babylone, dans la commune de Kitambo, à Kinshasa. Le tireur présumé serait un militaire de la Garde républicaine, qui a été interpellé quelques heures plus tard après s’être retranché dans un chantier voisin. C’est ce qu’a rapporté des sources officielles à BETO.CD, ce jeudi 15 mai.

Selon une dépêche de l’armée congolaise, l’homme armé a ouvert le feu sans sommation sur ses collègues militaires au sein du camp dans la nuit du mercredi à jeudi. Les trois victimes sont mortes sur le coup. L’auteur présumé, après s’être emparé des chargeurs des soldats abattus, s’est immédiatement réfugié dans un bâtiment en construction à l’angle de l’avenue Kivu toujours à Kintambo.

Face à la gravité de la situation, les autorités ont déclenché une opération d’envergure. De 3h à 8h du matin, la zone a été entièrement bouclée par un important contingent de la Police militaire. Des coups de feu ont été entendus durant l’opération. Celui-ci a finalement été interpellé au terme de plusieurs heures de tension.

« L’opération s’est soldée par l’interpellation du militaire retranché, dont les motivations restent à établir » , confirme une dépêche des services de communication des FARDC à Kinshasa.

Les circonstances exactes de ce triple homicide n’étant connus, une enquête militaire est ouverte pour faire la lumière sur ses motivations pour commettre un tel geste parmi ses frères d’armes.


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Déclaration de principes RDC - Rwanda : « Une paix durable dans la région des Grands Lacs ouvrira la porte à davantage d’investissements américains et occidentaux » (Marco Rubio).

Dans son propos tenus à l’issue de la signature de principes entre la RDC et le Rwanda, ce vendredi, à Washington, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a souligné la nécessité de rétablir une paix durable dans la région des Grands Lacs afin de relancer l’économie régionale.

Marco Rubio a également indiqué que les USA sont prêts à accroître leurs investissements en Afrique centrale, notamment dans des chaînes d’approvisionnement responsables et sécurisées.

En outre , a-t-il indiqué, la signature de cette déclaration de principes entre les deux pays est le début d’un engagement « fort » à avoir les conversations nécessaires pour parvenir à une résolution.

« Une compréhension fondamentale en matière de gouvernance régionale, de sécurité et de cadres économiques avec pour objectif de mettre fin aux combats pour permettre à la région d’atteindre son plein potentiel. Une paix durable et un développement économique à long terme ne seront pas faciles à atteindre, mais ils sont importants. Je suis fier de travailler pour un président qui a fait de la paix de la paix mondiale et stable une priorité de cette administration. Et aujourd’hui en est la preuve. Une paix durable dans la région des Grands Lacs ouvrira la porte à davantage d’investissements américains et occidentaux, ce qui générera des opportunités économiques et de la prospérité », a-t-il déclaré.

Pour le chef de la diplomatie américaine, cet acte contribuera également à faire avancer l’agenda de prospérité du président Trump pour le monde. Il a rappelé le rôle que doit jouer le secteur privé dans cette situation « gagnant-gagnant » pour toutes les parties.

« Nos entreprises sont de bons citoyens corporatifs, y compris les entreprises africaines, et elles apporteront une bonne gouvernance et assureront des chaînes d’approvisionnement responsables et fiables pour des ressources critiques qui bénéficient aux gouvernements régionaux, à nos partenaires et à nos alliés également », a-t-il rassuré.

Dans la foulée, Marco Rubio a insisté sur le fait que la paix durable doit précéder le développement économique, car « il est impossible de l’atteindre sans la paix ».


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#RDC : un appel à la culture de l'éducation a été lancé à la population par le célèbre chanteur Ngiama Makanda (#Werrason) de la République démocratique du Congo (RDC) dimanche à #Kinshasa, la capitale, à l'occasion de la célébration des fêtes de Pâques.

"Avoir une bonne éducation dans la société demeure une richesse. Tu peux tout avoir, mais si tu n’as pas une bonne éducation, tu es nul. Je préfère encore un pauvre qui n’a rien, mais qui fait preuve d'une bonne éducation dans la société.(...) Que cette page liée à la victoire de Jésus-Christ nous apporte la lumière, en commençant par la capacité d’éduquer nos enfants, nous-mêmes et d’investir pour une bonne éducation de tous", a indiqué Werrason.


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#DRC: Tshisekedi: One FARDC Soldier at the Front Line Earns About $500 via Le Figaro.


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Entrée des #M23/RDF à #Bukavu : Kinshasa rassure de rétablir l’ordre.

Le Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a rassuré ce dimanche de tout mettre à l’œuvre pour rétablir l’ordre, la sécurité et l’intégrité territoriale, après que les terroristes du M23 et les troupes rwandaises sont entrés ce matin à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu.

Kinshasa considère que cette offensive constitue une violation de la part du Rwanda des « résolutions de Dar-Es-Salaam, aux appels au cessez-le-feu de la communauté internationale y compris l’implication du Président Macron. » « Le Rwanda s’entête dans son dessein d’occupation, de pillages et de commission de crimes et des violations grave de droits humains sur notre sol », peut-on lire dans une déclaration faite par le ministère de la Communication de la RDC.

Rassurant de s’employer à remettre l’ordre, la sécurité et l’intégrité territoriale dans cette ville, le Gouvernement appelle la population à rester à la maison et à ne pas s’exposer pour éviter d’être la cible des forces d’occupation.

« Bukavu, Goma et tous les autres coins occupés dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu constituent le symbole de notre résistance. Restons tous debout, vigilants, résilients et unis face à cette épreuve derrière nos forces armées et le Président de la République, Commandant Suprême. », a rassuré le Gouvernement.

Le Président de la République Félix Tshisekedi a, dans la nuit de samedi, dirigé une réunion sur cette crise qui sévit l’Est du pays. Lors cette séance, le Chef de l’Etat, lui a participé à la 61è Conférence de Munich en Allemagne vendredi dernier, a confié avoir a reçu le soutien de nombreux pays membres de l’Union européenne qui ont clairement condamné les actions criminelles du Rwanda en RDC et travaillent sur la mise en place des sanctions appropriées contre le régime de Kigali.


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Les dessous de la chute avortée de Bukavu

EXCLUSIF – BETO.CD | Bukavu a frôlé la catastrophe. Alors que les FARDC levaient leurs lignes de défense, la coalition M23/RDF avançait vers la capitale du Sud-Kivu. Mais dans l’ombre, une bataille diplomatique féroce se jouait entre Kinshasa, Kigali et les grandes puissances internationales. Comment Tshisekedi a-t-il empêché la chute de Bukavu ? Pourquoi le M23 a-t-il soudainement reculé ? Quelles conséquences pour la suite du conflit ?

Pendant plusieurs heures, la capitale du Sud-Kivu a vécu un des moments les plus critiques de son histoire récente. Alors que la coalition M23/RDF avançait inexorablement, les FARDC ont procédé à un redéploiement tactique, laissant la ville à la merci d’une occupation imminente. Mais derrière cette manœuvre se cachait une bataille tout aussi féroce que celle menée sur le terrain : une guerre diplomatique qui a changé le cours des événements.

Selon des sources sécuritaires congolaises contactées par BETO.CD, la décision de relocaliser les troupes vers Uvira et la plaine de Kamanyola a été prise après d’intenses consultations entre le commandement militaire et la présidence à Kinshasa. « Nous avions la possibilité de défendre Bukavu au prix d’un affrontement direct dans la ville, ce qui aurait eu des conséquences dramatiques pour les civils. Nous avons préféré une approche qui nous permette de préserver nos forces et de mettre l’ennemi dans une situation compliquée », explique un haut responsable des FARDC.

Ce retrait a ouvert la voie à une avancée rapide de la coalition M23/RDF, qui a pris le contrôle de l’aéroport de Kavumu sans tirer un seul coup de feu. S’attendant à une prise facile de Bukavu, les forces rebelles ont accéléré leur progression, convaincues que les FARDC étaient en pleine débâcle. Mais à Kinshasa, l’état-major et les autorités politiques avaient déjà anticipé la réaction de la communauté internationale.
Tshisekedi hausse le ton et renverse la donne

https://twitter.com/LitsaniChoukran/status/1890879805945418232

Alors que les forces du M23/RDF entraient à Bukavu, le président Félix Tshisekedi, en déplacement en Allemagne, a pris les devants sur le front diplomatique. Selon un diplomate congolais de haut rang, un message clair et ferme a été transmis aux États-Unis, à la France et à la Belgique : « Si le Rwanda s’empare de Bukavu, alors nous considérerons cela comme une déclaration de guerre ouverte et nous répondrons en conséquence. La RDC et ses alliés, notamment le Burundi, engageront une offensive militaire sur le territoire rwandais. »

Ce message, selon les informations obtenues par BETO.CD, a immédiatement déclenché une série de discussions d’urgence entre les capitales occidentales. « La France, en particulier, a pris la menace très au sérieux et a immédiatement mis Kigali sous pression », révèle une source proche du dossier.

La crainte d’un embrasement régional a poussé plusieurs chancelleries à intervenir directement auprès du président Paul Kagame. Selon une source diplomatique française, Paris a exigé un retrait immédiat des forces M23/RDF sous peine de sanctions économiques et politiques contre Kigali. « L’ordre a été donné en urgence. Kigali n’avait pas le feu vert pour aller jusqu’à Bukavu, mais ils ont pris l’initiative en pensant que personne ne réagirait à temps. La menace de Tshisekedi a changé la donne », confie un haut responsable européen.

Dans Bukavu, la situation s’est soudainement retournée. Selon plusieurs témoins interrogés par BETO.CD, les combattants du M23 ont commencé à se replier dès 14h00, abandonnant certains de leurs objectifs en ville. Une source militaire sur place témoigne : « Ils avaient déjà des hommes dans certains quartiers, et on voyait les pillages commencer. Mais tout d’un coup, les ordres sont tombés : retrait immédiat. »

https://twitter.com/HakimMaludi/status/1890693208335597865

La situation sur le terrain est restée chaotique pendant plusieurs heures, alors que les éléments rwandais impliqués dans l’opération profitaient des derniers instants pour piller commerces et entrepôts.

Vers 16h00, les FARDC ont reçu le feu vert de Kinshasa pour réinvestir la ville et sécuriser les points stratégiques. Un officier de l’armée congolaise, sous couvert d’anonymat, résume l’opération : « Nous étions prêts. Nos forces n’avaient pas été défaites, elles attendaient le bon moment. Dès que l’ordre est venu, nous avons lancé notre contre-offensive et repris la ville sans grande résistance. »
Un fragile équilibre et des questions en suspens
https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1890854349842292755

Si la menace d’une occupation de Bukavu a été écartée, BETO.CD note que la situation demeure extrêmement tendue. « Nous avons vu les pressions diplomatiques fonctionner cette fois-ci, mais combien de temps cela tiendra-t-il ? » interroge un expert en relations internationales basé à Bruxelles.

De nombreux observateurs s’interrogent sur les prochaines étapes de cette crise. Dans la soirée, le président français Emmanuel Macron a officialisé les entretiens qu’il a eu, notamment avec le président Félix Tshisekedi. « J’ai échangé avec le Président Tshisekedi sur la situation très préoccupante dans le Sud Kivu. Nous avons exprimé notre accord sur les points suivants. → Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat qui doit être respecté par toutes les parties. → Le M23 doit immédiatement se retirer de Bukavu. → Des garanties de sécurité doivent être données pour permettre le retour sans délai des autorités civiles et militaires à Bukavu. → Le M23 doit se retirer de l’aéroport de Kavumu et permettre les vols civils et humanitaires sans entraves. J’appelle le Rwanda à soutenir la mise en œuvre de ces mesures d’urgence« , a-t-il dit dans une publication sur X.

https://twitter.com/michombero/status/1890838557779984784

Un analyste militaire congolais souligne une inquiétude majeure : « Nous avons évité le pire, mais cela ne signifie pas que la menace est écartée. Kigali va chercher un autre moyen de revenir dans le jeu. Tout dépendra maintenant des prochaines décisions du gouvernement congolais et de la constance du soutien diplomatique international. »

Une autre question brûlante demeure : quelles concessions Félix Tshisekedi devra-t-il faire en échange de ce soutien international ? Selon un diplomate africain en poste à Kinshasa, les prochaines semaines seront cruciales :« Tshisekedi a montré qu’il pouvait imposer un rapport de force, mais la question est de savoir ce qu’il devra concéder en retour. La France et les États-Unis ne soutiennent jamais gratuitement. »


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Laurent-Désiré Kabila, troisième Président de la République démocratique du Congo (1997-2001) qui a pris le règne en mettant fin à la dictature de trente-deux ans du Maréchal Mobutu, est mort, assassiné dans son bureau le 16 janvier 2001.

Vingt-quatre ans après sa mort tragique, qu’est-ce que les habitants de la capitale congolaise retiennent de celui qui est considéré comme héros national au même titre que Lumumba ? Les jeunes Kinois, qui pour la plupart étaient encore enfants à cette époque, se souviennent de leur Mzee (le sage en Swahili) et saluent son héroïsme. Mais avant, tâchons de répondre à la question : Que s’est-il passé le 16 janvier 2001 à Kinshasa ?

Tué par un simple soldat de base

C’était un certain mardi aux environs des après-midis. Kinshasa garde encore la ferveur des fêtes du nouvel an. Et le Chef de l’État travaille dans son bureau situé au Palais de marbre, sur les hauteurs de la ville. Selon Francis Kpantidé, qui à l’époque s’était confié chez Jeune Afrique, Mzee avait accordé quelques audiences dans la matinée. À l’heure du déjeuner, il reçoit Mota, son conseiller économique qui doit l’accompagner le lendemain à Yaoundé (Cameroun) où il devrait participer au XXIe sommet France-Afrique.

Juste avant 14 heures pétantes, un jeune soldat, un kadogo – soit un simple soldat de base – connu sous le nom de Rachidi demande à voir le Chef de l’État pour lui présenter ses civilités. Il pénètre et se dirige vers le Président Kabila, dégaine son arme et lui tire à bout portant. Mzee est à terre, se vidant de son sang. Deux balles l’ont touché : l’une l’a perforé le cou et l’autre le bas-ventre.

Le conseiller Mota se mit à crier pour alerter la garde. Le colonel Eddy Kapend, qui est le chef d’État-major particulier du Chef de l’État, fait irruption, accompagné de quelques soldats. Ces derniers découvrent Mzee qui agonise et Mota à ses côtés tentant de le ranimer. Pendant ce temps, le tueur cherche à prendre la poudre d’escampette mais il est vite rattrapé par la garde qui l’abat.

Le Président est mort à «101 %»

La panique envahit le Palais de marbre. Dans cette atmosphère, les militaires vont faire venir un hélicoptère de l’aéroport international de N’djili pour transférer le Président blessé à la clinique de Ngaliema. Après des rumeurs annonçant sa mort, le ministre de la Communication de l’époque, Sakombi, atteste qu’il est encore vivant. Ironie du sort, la première indication sérieuse de la mort du Président vient de Kampala, alors réfractaire à Kinshasa en ce temps-là. Les services de sécurité du Président Museveni propagent la nouvelle aux agences de presse: Laurent-Désiré Kabila serait mort à « 101% ».

La confirmation officielle, donc congolaise, interviendra quelques heures plus tard. C’est le ministère de la Communication lui-même qui l’approuve en déclarant un deuil national.

Les Kinois se souviennent encore

Chaque 16 janvier est une journée chômée et payée en RDC. Les Congolais commémorent la mémoire du défunt Chef d’État aux prouesses d’un vaillant héros national. Il faut retenir que les dernières années de Mzee à la tête du pays étaient marquées par un isolement sur le plan diplomatique après qu’il a détourné le dos aux occidentaux dénonçant leur impérialisme. Nombreux aujourd’hui se souviennent encore de sa phrase illustre : « Ne jamais trahir le Congo ». Pour beaucoup, c’est l’une des causes de sa mort.

Doctorant en relations internationales mais également partisan du Mouvement de libération du Congo (MLC), Christian Bule voit en Laurent-Désiré Kabila une figure de proue de la révolution congolaise dont l’action révolutionnaire a impacté l’histoire de la RDC sur le plan politique surtout celui lié aux idées de l’indépendance économique et de la souveraineté. « Sa mort tragique nous a laissé perplexe et a ouvert une brèche béante à une transition politique marquée par des tumultes et guerres internes dérisoires en rapport avec le partage du pouvoir », pense le jeune doctorant qui a répondu à nos questions.

Pour un autre jeune, ancien président des étudiants de l’Université de Bandundu (UNIBAND) Emmanuel Ngamayama, Mzee est une preuve d’un « nationalisme rompu, épris d’amour pour le Congo ». Ce jeune licencié en droit retient du troisième président de la RDC comme le premier à faire des études supérieures et universitaires et avait une vision éclairée sur les principaux idéaux de gouvernement de l’État. Cependant, se plaint-il, à l’instar de celle de Lumumba et d’autres martyrs congolais, son histoire n’est quasiment pas racontée à la nouvelle génération et son héritage tend vers la déliquescence.

« Je retiens de cet homme, le nationalisme traduit par cette expression devenue un véritable maxime pour le Congolais. Ne jamais trahir le Congo », se réjouit Plamedi Wala, jeune en journalisme, mais qui reconnaît également que son avènement au pouvoir a ramené la rébellion au pays avant comme après sa mort ; alors que son collègue de classe, Bruno N’saka le combat de Kabila se traduit mieux à travers l’hymne national – Debout Congolais – dans la mesure où c’est Kabila qui l’a ramené en tant que tel, alors qu’il était chanté comme hymne de l’indépendance avant d’être remplacé par Mobutu, son prédécesseur.

Quoique l’on pense et quoique l’on puisse dire de Laurent-Désiré Kabila en prenant en compte ce que l’homme pourrait avoir comme défaut, l’on oubliera jamais qu’il a servi son pays jusqu’au bout. Il restera à jamais la preuve d’un amour inconditionnel que tout citoyen doit avoir envers son pays, un modèle de toute une nation.


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